Premier doublé de la Brigade, ça valait bien une itw du patron !

Oui, il s’est bien passé un truc à la Bresse ce week-end, un fait qui restera dans la mémoire de l’homme aux 68 000 fans sur Facebook.
Non, Vin Diesel ne prenait pas des cours de pilotage avec Sébastien Loeb dans les Vosges pour le prochain tournage de Fast and Furious

Mais Cédric Gracia fait monter sur la boite sa Brigade avec un doublé, victoire du patron et seconde place du Gregario colombien et ça valait bien une interview exclusive pour le blog de Race Company. Magnéto Serge…

• Premier doublé de la Brigade, ça c’est passé comment cette course ?

« Y avait un bon niveau et j’avais dit à Marcello qu’il fallait qu’on roule à fond. Après, ou ça passait ou ça cassait mais au moins, on pouvait jauger nos limites. On a donc roulé un max et à fond dans la boue ce week-end. J’ai fait une grosse faute sur le haut en arrivant trop vite et ça prouve qu’il ne faut pas que j’essaye de rouler au dessus de mes pompes. Mais bon finalement je gagne, c’est cool. Marcello a fait un super run, très propre et en battant mon meilleur temps du matin, ça fait vraiment plaisir.
Deux V10 sur le podium, c’est top, ce sont des vélos vraiment magiques. Marcello a un amorto classique derrière et moi un amorto à air avec lequel je roule depuis le début. Je me sens vraiment bien sur ce bike, il est super léger, très ludique, va bien pour tout le monde. Franchement avoir un Santa Cruz aujourd’hui c’est abusé, c’est un peu comme rouler en Ferrari !

• Tu as ton Team, mais tu restes proche du Syndicate quand même ?

C’est clair, en France, Momo et son équipe de Race Company poussent bien la marque et grâce à leur super boulot, les retombées sont européennes. Et puis y a Rob, le big boss de Santa Cruz qui est un ami aussi, et ça fait très plaisir d’être aujourd’hui sur le podium pour ces gars qui donnent tout pour la marque. Le Syndicate c’est un team différent de la Brigade, mais on est une grande famille, et on essaye de travailler ensemble pour faire les meilleurs vélos en donnant notre ressenti de façon journalière.

• Justement, comment ça se passe, y a t’il un travail en commun ?

Oui, on travaille ensemble en essayant de trouver les meilleurs compromis en fonction des parcours. Notre taf sert aussi à faire avancer le développement des vélos qui se trouveront plus tard sur le marché. Y a rien de mieux que les courses pour faire évoluer le matériel. Pour le grand public, c’est génial quand tu achètes un vélo et que t’as pas de soucis. Quand je vois qu’avec le carbone j’ai fait toute la saison 2010 (coupe du Monde, Rampage…) sans jamais casser un cadre, c’est de la folie comme c’est fiable !
En plus, je viens d’apprendre qu’ils étaient en train de faire un proto pour les championnats du Monde qui tombe à 14 kg tout en étant encore plus solide, je me demande où ça va s’arrêter ! Pour Mont-Saint-Anne, on aura le bras arrière en carbone, ce qui signifie que Santa Cruz passe un nouveau cap technologique. Ils bossent tous comme des malades et nous les riders nous essayons de leur donner le plus de retours possible. Tout ça est directement retranscrit à l’usine, ce qui fait gagner un temps fou. Tout évolue constamment dans la saison et c’est aussi pour ça que Rob vient sur les courses. Il note tout, fait modifier les vélos et fait faire de nouvelles pièces que l’on teste dans la foulée. Quand tu penses qu’avant de commercialiser les vélos, ils passent les normes aux États-Unis puis réalisent leurs propres essais qui sont beaucoup plus complets et pointilleux, on est pas étonnés qu’ils soient sereins avec le SAV… C’est vraiment impressionnant de voir comment les ingénieurs travaillent dur, et comme ce sont tous des riders, ça peut faire la différence. Lorsque je vais là-bas, j’aime bien rouler avec eux, ils ont tous leur propre style et même si ce sont des mecs à lunettes sur leur planète, ils défoncent ! Quand tu fais des résultats, ils sont vraiment contents et ce sont les premiers à te dire merci. Alors que bon, honnêtement, c’est plutôt à nous de leur dire merci de nous faire des vélos aussi bons.

• Revenons à ce Colombien, tu l’as déniché où ?

Ben moi le Colombien, je l’ai vu rouler sur les coupes du Monde aux US et je le trouvais bien, il jouait placé dans les 30 et je le voyais s’entrainer énormément. On a commencé à discuter, le courant est bien passé, il est gentil. Bon maintenant il a 21 ans donc j’essaye de lui apprendre un petit peu la vie, j’ai l’impression d’être un papa
C’est marrant, avec lui je peux parler ouvertement, quand il me casse les noix, je lui dis. Je fais la bouffe et la vaisselle, lui aussi. Il apprend tout, ça fait beaucoup pour lui, c’est pas toujours évident mais si on veut qu’il soit bon, on a pas de temps à perdre. Du coup, il ride et moi je suis là pour l’aider, le pousser au bout de ses limites. Je lui dis de rouler à bloc, même s’il finit au tas, c’est pas le plus important. Je ne lui ai fixé aucun objectif de résultat, je veux juste qu’il se donne à fond. S’il me dit qu’il a tout donné, c’est le principal. En évitant de faire mes conneries et comme en plus il est beaucoup plus sérieux que moi, je serais vraiment content s’il arrive à faire quelques podiums, c’est un bon p’tit gars.

• Tu roules au top en ce moment, ça y est, ça revient ?

Ça a été long, j’ai bossé comme un chien, mais on a rien sans rien. Il faut être patient et y croire parce que le boulot ça ne paye pas tout de suite. Les gars sont pas dix fois meilleurs que moi, mais ils font moins les cons. Je peux rester comme je suis tout en étant un peu plus raisonnable et en travaillant plus, et ça payera, c’est sûr. Aujourd’hui, il me manque un peu de réussite, comme sur l’ouverture en Afrique du Sud où je fais 4 aux essais, mais je me sors en finale pour finir 16e. A Fort William, je pars en sucette dans les rubalises et perds toutes mes chances de podium, du coup j’ai lâché des suicides sur les sauts, histoire de pas être venu pour rien ! A Leogang, je fais une grosse faute en haut. Mais je suis pas sûr d’avoir perdu du temps parce qu’après j’avais tellement la rage que j’ai roulé à fond ! Je finis 7e, c’est pas mal. A ce niveau, et à la vitesse où on roule, je pense que t’es obligé de faire des erreurs à un moment ou un autre. Avant tu pouvais rouler, gérer, regarder le public… C’est fini tout ça, maintenant faut être à fond du début à la fin ! Et si tu vises le podium, il faut dépasser ses limites.

• Maintenant c’est le départ pour les manches Canada et US, avant de revenir en France, un programme chargé ?

Oui Mont-Saint-Anne, Windham et on revient pour le championnat de France. En championnat de France je me suis vraiment fais plaisir l’an passé et c’est cool d’y retourner.

• Champion de France, c’est un maillot tricolore, mais il y a un autre moyen pour représenter le pays. Vu tes résultats actuels, t’aurais pas fait un appel du pied au sélectionneur pour les championnats du Monde ?

C’est clair. Aujourd’hui, je ne vois pas comment ils pourraient me les refuser, et si c’est le cas, ça voudra dire que le problème est humain ; mais ce n’est pas grave, je ne m’arrêterai pas là… »